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Tu connais ce jeu : la patate chaude
Tu connais ce jeu : la patate chaude

reprise de l'article de localtis info

Congrès des mairesPublié le vendredi 3 juin 2016

"Quand le foncier n'est pas cher et quand les maires ne disposent pas d'ingénierie et laissent faire, ils lèguent des lotissements et des unités commerciales qui sont un désastre pour le paysage pour des décennies et des décennies", constatait avec amertume Franck Leroy, maire d'Epernay, et co-animateur de l'atelier "Politiques culturelles et patrimoine" organisé le 1er juin dans le cadre du congrès des maires. D'où son appel aux élus de cesser de "faire suer le foncier". D'autant que, indiquait-il, entre un lotissement bas de gamme et un lotissement vertueux du point de vue architectural et environnemental, la différence de coût n'est pas énorme.

Un architecte pour chaque lotissement

C'est également le message que sa co-animatrice Annie Genevard, députée-maire de Morteau, a tenté de faire passer à l'Assemblée nationale dans le cadre de la discussion sur le projet de loi Création, Architecture, Patrimoine (CAP). Membre de la commission mixte paritaire qui se tiendra le 15 juin, elle y défendra la mesure tendant à imposer, pour tout permis d'aménager un lotissement, les conseils d'un architecte (ou d'un paysagiste, mais en aucun cas d'un géomètre-expert comme le souhaite aujourd'hui la majorité sénatoriale, cf notre article du 30 mai 2016).
Car la députée du Doubs, présidente de la commission culture de l'AMF, estime qu' "un architecte-conseil est une plus-value inversement proportionnelle au coût d'un lotissement". Le seul souci : "certes, c'est plus compliqué : cela nous oblige à nous creuser un peu plus la tête", ironise-t-elle, persuadée quant à elle que l'architecture n'est pas réservée à une élite et qu'il faut "restaurer la culture de l'architecture" dans ce pays.

Réinvestir des lieux en déshérence

Quelques fauteuils plus loin, à la tribune, Catherine Jacquot boit du petit lait. La présidente du Conseil national de l'Ordre des architectes a visiblement fait passer le message que "la conception architecturale et paysagère est la condition de la qualité d'un bâtiment eco-responsable" (et par extension d'un lotissement). Bâtiment neuf mais aussi bâtiment rénové. Car la réhabilitation constitue bien le grand enjeu environnemental quand on sait que la construction neuve renouvelle chaque année seulement 1% du parc bâti. D'où son appel aux maires à "inciter les plus modestes à rénover leur logement".
Pour les territoires ruraux et les petites villes, c'est aussi "un moyen de garder un patrimoine vivant et rester attractif". Et, quand la qualité architecturale et environnementale est au rendez-vous, de "susciter le désir de réinvestir des lieux en déshérence"… par exemple des centres-bourgs (voir notre dossier ci-contre "Centres-ville en péril : quelles solutions ?").

Quand les financements et les fonciers sont privés

L'enjeu est tout autre dans les métropoles, soumises au jeu de la concurrence. Et Catherine Jacquot de se demander "comment les élus vont-ils faire valoir l'intérêt public dans un processus où la construction de la ville repose sur des financements, comme sur des fonciers, essentiellement privés ?". Sans avoir véritablement de réponse, elle assure que dans ces négociations publiques-privées, les architectes et paysagistes constituent "des médiateurs pour préfigurer des projets" qui feront consensus.
Mais mise à part cette mesure obligeant à passer par un architecte pour les permis d'aménager les lotissements, il ne faudrait "pas trop attendre" de cette loi, estime François de Mazières, député-maire de Versailles. Car elle ne règle pas le problème numéro un : le besoin de financement des politiques culturelles en général et du patrimoine en particulier. En cette période de disette budgétaire, où les collectivités locales concentrent leurs budgets sur leurs compétences premières, "tout va reposer sur nos épaules d'élus municipaux et intercommunaux", prédit le maire de Versailles. "On va résister mais on dit à l'Etat : 'pitié, ne nous abandonnez-pas'", ajoute-t-il.
Un appel qui sonnait un peu dans le vide. La ministre de la Culture, Audrey Azoulay, n'ayant pas répondu à l'invitation de l'AMF à participer au débat.

Tag(s) : #Urbanisme
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