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Au revoir, stratocumulus
Au revoir, stratocumulus

Reprise de l'article paru dans Le Dauphiné Libéré - L'Est Républicain - Le Républicain Lorrain
L'article fait mention de villes qui n'ont pas les mêmes problématiques que notre Territoire T8...
Espérons que le projet de Téléphérique à Romainville s'éloigne tel un stratocumulus emporté par les zéphyrs d'Or
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Quand les téléphériques investissent les villes

Par Antoine CHANDELLIER

Moins polluant, silencieux, plus économique et moins énergivore, le transport par câble a tout pour plaire. Si les entreprises françaises sont à la pointe, c’est à l’étranger qu’il a fait ses preuves dans l’intermodalité urbaine. Mais avec un nouveau contexte normatif, plusieurs villes de l’Hexagone vont enfin y venir. À Brest, Toulouse et Paris, avant peut-être Grenoble ou Chambéry.

 

Il y a comme un paradoxe. Ces remontées mécaniques, qui ont fait la fortune des stations, parties intégrantes du paysage de nos reliefs et dont les plus grands constructeurs sont installés dans nos vallées, sont absentes des agglomérations de la région alors que le phénomène “transport par câble urbain” a conquis tous les continents. Certes, Grenoble a depuis 1934 son téléphérique de la Bastille mais les célèbres bulles n’ont qu’une vocation touristique. En l’occurrence, il s’agit d’intégrer le câble dans le réseau des transports publics.

Et voilà qu’en ce domaine les marins montrent la voie aux montagnards. C’est en effet la ville de Brest qui, en octobre, aura le premier téléphérique urbain de France avec son pylône de 80m de haut et un objectif de 675 000 passagers par an. Mais dans le Finistère on est allé chercher les compétences là où elles se trouvent, à savoir les Alpes où les entreprises sont à la pointe du câble. Les deux géants Poma/Leitner et Doppelmayr/Garaventa se sont fait souffler le marché par le troisième acteur majeur de la branche, le Suisse BMF et son antenne française basée à Gières (Isère).

Emprise au sol limitée

À première vue la technologie ressemble à celle appliquée en altitude. À quelques innovations près, explique Fabien Peltier, chef du projet chez BMF : “Les vitres des cabines de 60 places se teintent pour devenir opaques quand on passe au-dessus des habitations. Surtout, les deux cabines se croisent l’une au-dessus de l’autre. Car il a fallu rendre les gares plus compactes, réduites à un seul quai, pour s’insérer dans le tissu urbain.” À l’intérieur, aucun cabinier -la machine est 100 % automatique- et le mobilier rappelle celui d’un tramway qui survolerait la Penfeld, ce fleuve côtier et sa base navale, autour desquels la ville bretonne s’est érigée. Pour Victor Antonio, à la Métrople de Brest, ce téléphérique de 450m de long va permettre de revitaliser la rive droite, la zone des marins où un écoquartier est programmé, en la connectant au centre-ville et au réseau de transport public. Et ce pour 19,1M€. “Dans un contexte budgétaire contraint, cela représente la moitié de ce que nous aurait coûté un pont. Quant à la solution du tunnel, les usagers préfèrent être à l’air libre.” Surtout l’espace dévolu à la voirie ou au stationnement est préservé puisque l’emprise au sol est limitée aux seules gares.
 

Car l’intérêt du transport par câble en ville est là : “Franchir des obstacles et les coupures urbaines, cours d’eau, voies ferrées ou montagnes”, explique Jean Souchal patron de Poma, fleuron français du câble pour qui le transport urbain représente aujourd’hui 20 % de l’activité. Et d’y voir un moyen d’intermodalité, s’insérant dans un réseau de transport existant. A New York, il y a 40 ans que Roosevelt Island est équipée d’un tramway survolant l’East River. A Londres, on franchit la Tamise en télécabine depuis les Jeux de 2012 tout comme le Douro à Porto depuis 2011. Medellín, la Paz, Rio, Tizi-Ouzou ont leurs téléportés urbains !
 

Pourquoi ce retard français alors même que le pays s’est fait une expertise dans l’art du câble à des fins de loisirs ? “Une vieille loi de 1941 interdisait le survol d’habitation en ville”, explique Victor Antonio, alors qu’en montagne le téléphérique peut s’élever au-dessus de propriétés privées sans passer pas des expropriations.
 

Utilité publique facilitée

Voilà que la loi du 17 août 2015 sur la transition énergétique est venue lever l’obstacle juridique. La ministre de l’Écologie Ségolène Royal a présenté une ordonnance qui vise à éviter des expropriations systématiques en cas d’implantation d’un téléphérique en zone urbaine, en instaurant des servitudes dès que le caractère d’utilité publique est justifié. “Aujourd’hui on réalise 20 % de notre activité dans l’urbain explique Christian Bouvier, vice-président de Poma. Compte tenu des processus de concertation assez longs pour ce type de projet, cette part va croître doucement”. A Issy-les-Moulineaux (Hauts de Seine), les habitants se sont opposés à une liaison câblée en scandant “Touche pas à mon ciel”.
 

Mais le contexte est désormais favorable à une dizaine de projets en France. Poma a signé un accord de coopération avec la RATP. À Paris, la liaison Austerliz/Gare de Lyon enjambant la Seine est dans l’air. A Toulouse, Aerotram éveille l’appétit des entreprises du secteur. A la fin de l’année on connaîtra celle qui réalisera pour 2019 l’appareil reliant l’université Paul Sabatier, le centre hospitalier universitaire et l’Oncopole de l’autre côté de la Garonne, suivant un tracé escarpé. Plus important encore dans le Val-de-Marne, le “Téléval”, long de 5 km relierait la même année Créteil et le terminus de la ligne 8 du métro à Villeneuve-Saint-Georges pour 70 M€, avec un débit de 13.000 voyageurs quotidiens.
 

“Bus volants”

Dans la région, le projet le plus concret concerne Grenoble. “Métrocâble”, porté par la Métropole iséroise, pourrait voir le jour en 2021. Ce téléphérique relierait Fontaine à Saint-Martin-le-Vinoux via la presqu’île et trois stations. Soit 3,7 kilomètres, pour survoler Sassenage, l’Isère, le Drac, l’autoroute et le chemin de fer. Pour 55M€ les trams E et A seraient ainsi connectés

En Savoie, à Chambéry, la réflexion est encore au stade amont. Là aussi, sous l’égide de la Métropole, pour 12 millions d’euros le quartier de Bellevue, pour lequel une rénovation est envisagée, et le campus étudiant pourraient être connectés au centre par une télécabine en deux minutes. Lors du dernier salon Mountain Planet à Grenoble, les exposants mettaient en avant leurs cabines urbaines. Chez Leitner et Poma, la Symphony, “véritable bus volant” a fait sensation, avec son galbe signé Pininfarina, célèbre designer italien. Elle pourra aussi bien voler dans le ciel de nos villes que transporter les touristes au Petit Cervin à près de 4000m d’altitude au-dessus de Zermatt (Suisse).

Tag(s) : #Transport, #T8
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