Bagnolet en vert ne nous en voudra pas, on leur pique... La lettre d'un citoyen au Commissaire Enquêteur

Densifier [XIX] Augmenter la densité d'une pièce en bois par compression

Vous le savez peut-être, le nombre de villes de l'EST Parisien touché par la densification explose.

La MGP, le CDT, l'extension des lignes de transports en commun, le phénomène de Metropolisation contraint les municipalités à revoir [à la hausse, bien sur...] la densité de leur population.

Il faut construire, il faut bâtir, il faut vous concentrer, serrez-vous bonne gens, tout est bon dans la concentration, quartiers délaissés, paupérisés, empoisonnés, ils sont beaux mes bâtiments BBC...

Il reste à savoir si l'être humain est fait de bois...

le site de Bagnolet en vert

quand l'urbanisme devient aussi absurde qu'un #fusichatlaser...

L'article en question :

PLU, un citoyen des Coutures s’exprime

Un ami, habitant des Coutures et concerné comme les autres habitants du quartier et de la commune, par les conséquences du bétonnage à l’œuvre, a adressé le texte suivant au commissaire enquêteur. Il l’a fait hors-délais, tard dans la nuit de mercredi à jeudi. Nous le publions donc en espérant que le commissaire enquêteur le lira :

« Monsieur le commissaire enquêteur

Mais quels peuvent bien être les attraits de Bagnolet ? Bagnolet est une ville qui possède un endettement record, des services publics exsangues (pas de saison culturelle, des bibliothèques de quartier qui ont fermé, une piscine vétuste et rarement ouverte au public, peu d'équipements sportifs, dont certains/beaucoup aussi sont vétustes)... Pas ou peu de commerces... Ne parlons pas des écoles où il n'y a par exemple tout simplement pas d'activité périscolaire dans le cadre des temps dégagés par la réforme des rythmes scolaires. Un cinéma municipal mort. Des rues à la saleté galopante, lorsqu'elles ne sont pas le théâtre du commerce de la drogue. Bref qu'est ce qui peut bien attirer à Bagnolet hormis le fait qu'on soit aux portes de Paris avec un prix du logement bien moindre ? Tout simplement rien. Résultat : les nouveaux arrivants dorment à Bagnolet, mais travaillent, vivent, sortent et consomment à Paris. Pour eux Bagnolet est une ville dortoir et d'ailleurs ils ne connaissent même pas leur ville hormis le trajet pour rejoindre Paris.

Or en densifiant la ville avec des immeubles destinés à une classe moyenne justifiant de revenus certains, ce que propose la modification du PLU c'est tout simplement aggraver ce qui est déjà à l'œuvre : la réalisation d'une ville dortoir pour une certaine catégorie de population qui ne se mélange pas à la population existante et met ses enfants dans le privé. En l'absence d'équipements à la hauteur, d'écoles en nombre suffisant, d'animation de la ville, d'embellissement, de projet pour le vivre ensemble, l'accroissement mathématique de la population ne fera jamais que ruiner ce qui aurait pu être le seul attrait de Bagnolet : une ville à taille humaine où la mixité sociale n'est (n'était ?) pas une coquille vide : un atout majeur, pour lequel un certain nombre ont choisi d'habiter cette ville, mais pour combien de temps encore ?

L'hyperdensification à laquelle nous sommes en train d'assister défigure notre ville, les immeubles se construisent sans projet de s'intégrer au paysage urbain, avec visiblement pour seul but de rentabiliser au mieux la surface. Résultat nous voyons se développer des blocs de bétons à l'allure écrasante occupant le moindre cm2 disponible et déstabilisant ainsi le tissu urbain. Aucune respiration, le béton déborde de partout, de limite de parcelle à limite de parcelle, et si les promoteurs sont malgré tout obligés de réserver quelques mètres carrés pour un peu de verdure, celle ci sera réservée à la cour intérieure, fermée, grillagée, barrée à la vue. Dans tous ces projets, rien pour l'extérieur tout est tourné vers l'intérieur.

Au final, la ville n'a rien à y gagner : arrivée d'une population qui ne se mélangera pas ou peu, perte de la mixité sociale (même l'étude scolaire commandée par la mairie semble parier sur l'évitement scolaire), perte de la taille humaine de la ville (et donc de la possibilité du vivre ensemble), bétonisation (les projets immobiliers sont appelés par les habitants : "muraille de Chine")... au final, mal vivre tout simplement. Alors pourquoi un tel bouleversement aussi brutal et jetant à la poubelle l'histoire de notre ville ?

NB : Si la question de la limitation des hauteurs est importante, et en ceci la modification du PLU est encore trop permissive, peut être plus important encore est la gestion de l'espace : si un immeuble de 4 étages écrase tout un quartier parce qu'il donne l'impression de s'étaler de limite de parcelle à limite de parcelle, il sera par exemple perçu différemment s'il est en retrait par rapport à la rue laissant ainsi une respiration et un espace pour un peu de verdure et d'apaisement.»