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Les normes fixées par l’Anses sur la pollution au trichloréthylène dans l’air ont évolué. Suffisamment pour inquiéter les riverains de l’ancien terrain Wipelec, où une nouvelle dépollution est prévue. Explications.Les normes fixées par l’Anses sur la pollution au trichloréthylène dans l’air ont évolué. Suffisamment pour inquiéter les riverains de l’ancien terrain Wipelec, où une nouvelle dépollution est prévue. Explications.

Pollution au trichloréthylène : les normes ont-elles été assouplies à cause de Romainville ?

Lorsqu'il a pris connaissance de l'arrêté municipal encadrant le chantier de dépollution, prévu début février, de l'ancien terrain Wipelec, dans le quartier des Ormes à Romainville (Seine-Saint-Denis), Francis Redon, de l'association Environnement 93, a fait un bond : « Il y a eu des directives pour remonter les niveaux d'acceptation du trichloréthylène (TCE) dans l'air ambiant et c'est à l'initiative de Jérôme Salomon (NDLR : le directeur général de la santé). Tel que c'est expliqué, ça a réellement l'air d'être pour résoudre le problème Wipelec. Quand on sait depuis combien de temps on suit les habitants, ce genre de demandes fait froid dans le dos. » Devant l'inquiétude du responsable associatif et de certains riverains, nous avons tenté d'y voir plus clair.

Quels sont les effets du TCE ?

L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a émis un premier rapport sur cette substance chimique en 2009. Elle y établit des effets sur la santé de plusieurs types en fonction de la durée d'exposition. Une exposition « aiguë » va avoir des conséquences neurologiques (étourdissements, état de fatigue, atteinte du système nerveux central). Une exposition subchronique (de 15 jours à un an) va conduire à des atteintes du foie, du rein, du système de reproduction, du développement. Une exposition chronique (supérieure à un an) aura des effets cancérogènes (cancers du rein, hépatiques, lymphome hodgkinien).

L'Anses définit ensuite des valeurs guide de qualité de l'air intérieur (VGAI) : « Une VGAI vise à protéger des effets sur la santé s'il y a inhalation de la substance. On cherche à définir un seuil sous lequel il n'y aura aucun effet. Pour les cancers, on s'exprime sur la probabilité de survenue d'un cancer. En matière de VGAI pour des effets cancérogènes, on propose deux niveaux : un niveau qui correspond à un excès de risque d'un cas pour 100 000 individus, et un autre qui correspond à un excès de risque d'un cas pour un million d'individus. Selon ce que l'on considère comme acceptable en termes de probabilité d'observer un cas de cancer en excès dans une population, on se réfère à l'un ou l'autre niveau. »

Ces seuils ont-ils été relevés ?

Les travaux sur le TCE ont fait l'objet d'une mise à jour en 2019. « Nous avons baissé nos valeurs à long terme pour protéger des effets cancérogènes. Par contre, nous avons revu à la hausse la valeur correspondant à des expositions intermédiaires (15 jours à 1 an), détaille l'Anses. Tout ceci est le résultat d'une amélioration des connaissances et de nouvelles considérations qui permettent de mieux caractériser les effets liés à la substance. »

Les valeurs correspondant à des expositions intermédiaires sont passées de 800 microgrammes/m3 à 3200 microgrammes/m3.

Quel rapport avec le site de Romainville ?

Suite à cette mise à jour de l'Anses, la direction générale de la santé (DGS) a saisi le Haut conseil de la santé publique (HCSP) afin de lui demander d'adapter ses recommandations. « On a proposé des actions correctives, une surveillance médicale et un calendrier, indique l'HCSP. Notre rapport ne porte pas spécifiquement sur Wipelec. »

Dans sa saisine, la DGS fait toutefois référence au cas de l'ancienne usine de Romainville, indiquant avoir déjà demandé son avis au HCSP en 2016 sur ce cas. Mais la DGS précise en fin de courrier que cet avis est attendu « pour toute situation de concentration élevée en TCE et non pour le cas spécifique du site Wipelec ».

Quelles conséquences cela a-t-il sur le chantier du site des Ormes ?

Il faut se tourner vers le promoteur Alios développement pour comprendre. « L'extraction [des terres polluées] va se faire à l'air libre et sur un temps très réduit, explique Olivier Raoux, le président. On a consulté différents services de l'Etat mais il y avait un trou dans la raquette, il n'y avait pas de seuil pour l'air extérieur. Alors à l'initiative de Gingko, on a saisi les services de l'Etat et un seuil a été déterminé pour intervenir dans le cadre de notre chantier. Mais c'est un seuil qui n'existait pas, on n'augmente pas un seuil déjà existant. »

L'arrêté encadrant les travaux fixe donc le seuil à ne pas dépasser à 3200 microgrammes/m3. Soit la valeur fixée par l'Anses dans sa mise à jour en 2019, en ce qui concerne les durées d'exposition de 15 jours à un an.

« C'est inadmissible, ces valeurs ne peuvent pas s'appliquer à des gens qui ont déjà été exposés toute leur vie », réagit Sébastien Tirloir, président de l'association Romainville Sud. Et de rappeler que lors du traitement sous tente de 90 % des terres polluées en 2017, des relevés à plus de 500 microgrammes/m3 avaient été constatés et que l'habitante concernée avait été incitée à quitter sa maison. L'arrêté autorisant les travaux stipule que des mesures seront réalisées chez trois riverains pendant le chantier.

Tag(s) : #LES SENTES DES OSERAIES, #LES ORMES, #pollution romainville
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